Algérie: Tebboune et l'écrivain Boualem Sansal – Une Relation Tendue ?
L'Algérie contemporaine est marquée par une relation complexe entre le pouvoir et les intellectuels, notamment les écrivains. Le cas de Boualem Sansal, figure majeure de la littérature algérienne, et sa relation avec le président Abdelmadjid Tebboune, illustre parfaitement cette tension. Sansal, connu pour ses romans critiques envers le régime et dénonçant les dérives du pouvoir, est souvent perçu comme une voix dissidente, voire subversive, par les autorités. Cette friction constante soulève des questions essentielles sur la liberté d'expression en Algérie et le rôle de l'intellectuel dans la société.
Un Écrivain Contestataire:
Boualem Sansal n'est pas un simple écrivain; il est un penseur engagé. Ses œuvres, telles que Le Serment des Barbares, 2084, ou encore La Liberté ou la Mort, mettent en lumière les maux de la société algérienne, critiquant ouvertement le système politique, la corruption, et l'extrémisme religieux. Ces critiques acerbes, souvent formulées avec une grande virulence, n'ont pas manqué de susciter la controverse et d'attirer les foudres du pouvoir. Son refus de se taire, son engagement à dénoncer les injustices, font de lui une figure emblématique de la résistance intellectuelle face à l'autoritarisme.
Tebboune et la Question de la Liberté d'Expression:
Le président Tebboune, arrivé au pouvoir dans un contexte de contestation populaire (le Hirak), s'est exprimé à plusieurs reprises sur la question de la liberté d'expression. Si, en apparence, il a parfois semblé promettre une plus grande ouverture, la réalité sur le terrain reste complexe. La répression de certains opposants, les poursuites judiciaires visant des journalistes et des activistes, témoignent d'une certaine ambivalence dans la mise en pratique de ces principes. Dans ce contexte, la relation avec un écrivain aussi critique que Boualem Sansal devient un indicateur pertinent de la véritable marge de manœuvre de la liberté d'expression en Algérie.
Une Relation Marquée par le Silence et la Critique:
La relation entre Tebboune et Sansal est caractérisée par un silence réciproque, lourd de sens. Sansal, de son côté, poursuit son œuvre critique, sans ménagement. Il ne semble pas chercher le dialogue avec le pouvoir, préférant l'action par l'écriture, la dénonciation par le récit. De son côté, le silence du président Tebboune pourrait être interprété comme une forme d'ignorance stratégique, ou une reconnaissance implicite de la pertinence, même si elle est dérangeante, des analyses de Sansal.
Les Enjeux d'une telle Relation:
La relation, ou plutôt l'absence de relation, entre Tebboune et Sansal reflète les enjeux cruciaux de la société algérienne. Elle met en lumière le débat permanent entre le pouvoir et ceux qui le contestent, entre le conformisme et la liberté d'expression. Elle interroge aussi le rôle de l'intellectuel dans une société en pleine mutation, confrontée à de nombreux défis politiques, sociaux et économiques. La posture de Sansal, loin d'être anecdotique, est symbolique d'une résistance intellectuelle face à un système qui tente de contrôler le récit national.
Conclusion:
L'histoire de la relation, ou plutôt du non-rapport, entre Abdelmadjid Tebboune et Boualem Sansal est loin d'être terminée. Elle continue de poser la question fondamentale de la liberté d'expression en Algérie et du rôle des intellectuels dans la construction d'une société plus juste et plus démocratique. L'œuvre de Sansal, et sa position face au pouvoir, restent des éléments clés pour comprendre la complexité de la situation politique algérienne actuelle.